Deuxième tranche de vie (5)
MEMOIRE SOUVIENS-TOI!
Les disputes sont sévères. Je les cherche forcément, pour m'affirmer. Mais est-ce vraiment sans raison, toujours ?
Je décide de partir en Corse, avec X dont j'ai parlé précédemment pour diriger un camp d'ados. La veille du départ nous nous rencontrons pour la dernière fois dans des bois. Ce furent des échanges verbaux très durs. Et moi plus la conversation se durcissait et plus j'avais envie de lui. La peine et la colère emplissaient tout mon corps de désirs. Mon sexe l'appelait. Bien sûre il me pris sans ménagement en levrette et ce fut le comble de la jouissance. En Corse il m'appelait souvent. Il dérangeait, surtout que j'étais peu présente au camp. Au retour X et moi faisions le voyage à Paris. Nous couchons dans le même lit, bien sagement. Nous nous séparons à la gare de Lyon, je rentre seule pour retrouver mon amant avec qui je dois passer une semaine au Cap d'Agde. L'accueil à la gare est des plus froids. Heureusement que je n'ai pas parlé de l'hôtel, il n'aurait jamais cru à ma chasteté! Puis le séjour a été merveilleux, toutes ses propositions me paraissaient sublimes. J'étais si ignorante encore! Quoique initiée déjà à l'échangisme.
Au cours d'un stage je fais la connaissance dans l'atelier que je dirigeais d'un Guadeloupéen. Coup de foudre! Qu'une envie: faire l'amour. J'arrive à m'échapper, et dans sa chambre ce fut un torrent de passion. Tout à coup nous entendons des chants africains, répétitifs. Il me dit que les copains sont entrain de nous prévenir que mon futur mari vient vers les chambres. Il frappe à la nôtre évidemment. Je ne sais plus comment je me suis échappée, mais il n'a pas été dupe et lorsque l'on s'est retrouvés il m'a frappée, projetée à terre. Je suffocais de colère et de douleur. C'était la première fois qu'on osait me toucher. Pas mariée et pas libre!
J'étais constamment trompée: il niait tout bien entendu et j'aurai pu arriver à le croire. Mais s'en était trop! Un soir, veille de vacances, j'avalais un grand verre empli entièrement de whisky, cul sec!
Une énorme chaleur envahit mon corps et là je lui ai tout craché à la figure: ma haine, mon dégoût, mon horreur de son être et de tout ce qu'il était. Il ne savait plus quoi faire: appeler le samu, me mouiller, me mener au urgences? Il pensait que je délirais, mais moi je savais tout ce que je proférais. J'ai dû dormir d'un sommeil inconscient. Le lendemain, nous partions, moi avec une énorme crise de foie. Ce fut encore un excellent séjour. Nous avons fait l'amour dans les buissons au pied d'un château en ruine qui domine un paysage français bien connu. Il m'a dit:"tu t'en souviendras comme ça"
Les jours passent. Il s'installe de plus en plus chez moi, mais garde une relation très étroite avec la mère de sa fille, dans le secret, je ne savais rien des soirées de Noël et des petits matins au pied du sapin. J'aurai pu comprendre. Mais non il fallait qu'il mente. La valise était souvent sortie de MON placard, beaucoup d'aller et retour. J'ai eu droit à la visite de sa compagne et du linge sale envoyé à terre à mes pieds devant une cinquantaine de stagiaires.
Les années passent, tout semble se calmer et s'aplanir. Projet de construction d'une maison, donc mariage. Je traîne un peu des pieds, mais la banque nous y oblige. Après un discours humoristique de l'élu, nous sortons de la mairie, descendons les escaliers, lui, plus joyeux que moi, et moi, quand même heureuse. A une petite dizaine de mètres, une jeune femme s'avance, un enfant de chaque côté et un bébé dans la poussette. Elle appelle celui qui est désormais mon mari. Celui-ci me lâche la main pour aller la saluer. Tu devines ce qui a pu me traverser la tête. Les jambes en cotons, la sueur dans les pommes des mains qui serraient le bouquet qu'il m'avait acheté le matin même. Bref,... ce n'était qu'une copine!!!
Voici quelques souvenirs qui remontent. Heureusement qu'il y a eu des tranches de vie plus sereines